François Michaud et l’agroécologie

François Michaud et l’agroécologie

Thuré

Petit-fils et fils d’agriculteur, François reprend la suite de l’exploitation familiale en 2006. Il y produit des céréales en conventionnel jusqu’en 2015, où il passe en bio. Dès ses débuts, François a ressenti le besoin de repenser son approche. « Passer en bio, ç'a été une évidence », confie-t-il, mais la transition n'a pas été immédiate. Avec le soutien du CIVAM (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) et l'inspiration tirée des pratiques de ses pairs, il entame un cheminement vers des méthodes alternatives.

François amorce plusieurs actions sur ses cultures : il surveille l’émergence des maladies, notamment de la septoriose ou encore du piétin-verse.

Prévenir plutôt que guérir

Au fur et à mesure, au lieu de viser l’éradication des maladies et des insectes ravageurs au moyen de pesticides de synthèse, François préconise de les contenir à un seuil acceptable, c’est-à-dire sans conséquences négatives majeures, en favorisant les régulations naturelles.

À la suite de ces analyses, François n’a plus utilisé de traitement contre le piétin-verse sur ses cultures.

Recherche et Agriculture

Auprès des chercheurs de l’INRA, il s’essaye aux mélanges de variétés puis aux mélanges d’espèces  (blé, triticale, avoine, féverole, pois, vesce) afin de semer des cultures plus résistantes. Résultat avec le mélange d’espèces : « on semait, et on ne faisait rien, ni engrais, ni désherbage, ni fongicides ».

Ces associations de cultures permettent de fixer l’azote de l’air et d’en restituer pour les graminées, véritables engrais pour les sols. Elles permettent également d’augmenter la diversité botanique et peuvent ainsi induire une confusion aussi bien visuelle qu’olfactive chez certains insectes ravageurs. Cette complexification va limiter la capacité des insectes à trouver la plante hôte et à s’y développer.

Cultiver sous les arbres

Ensuite, l'agroforesterie devient une composante essentielle de son modèle agricole sur 30 hectares. Ce sont plus de 20 espèces d’arbres plantés à partir de 2013, non seulement pour prévenir l'érosion des sols et favoriser l’infiltration des eaux de pluie, mais aussi pour favoriser la biodiversité et générer de la matière organique grâce à l'apport en litière par la chute des feuilles mortes et le renouvellement du chevelu racinaire des arbres. Le mécanisme d’évapotranspiration des arbres permet de créer un microclimat pour mieux résister à la sécheresse.

Toutes ces expérimentations ont permis a François de naturellement passer en BIO en 2015. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. François se lance dorénavant dans la fabrication de farine. Encore à l’état de projet, nous espérons prochainement retrouver ses futures farines auprès des magasins de produits locaux et nos boulangers.

Au-delà des considérations agronomiques, François place l'humain au cœur de sa démarche «la santé de mes concitoyens, du consommateur et ma santé à moi aussi », déclare-t-il, évoquant les motivations profondes qui l'animent.