L'industrie est un atout
Ce jeudi 22 septembre, Grand Châtellerault a organisé la 1ère édition des Industriales de La Manu dédiée aux entreprises industrielles du territoire. L’éditorialiste économique Dominique Seux était au rendez-vous. Interview.
Quel état des lieux de l’industrie française dressez-vous ?
"Nous sortons d’une longue période de désindustrialisation. Entre 1995 et aujourd’hui, la France a, en silence, perdu une partie de son tissu d’Entreprises à Taille Intermédiaire (ETI). Nous l’avons peu perçu car les grands groupes sont restés en bonne santé. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt… Maintenant, on remonte la pente. D’ailleurs, on assiste à un mouvement de relocalisation industrielle très positif. "
C’est particulièrement vrai pour notre territoire. Des entreprises comme Aigle relocalisent des chaînes de production, les innovations se multiplient, des emplois se créent…. Peut-on déjà s’en réjouir ou faut-il rester prudent ?
"Ce sont évidemment de bonnes nouvelles et on doit s’en réjouir. En revanche, je ne crois pas à un raz de marée de relocalisations au niveau national. Il y a un mouvement, oui, mais il va toucher environ 10% des industries françaises. Par ailleurs, le choc de l’inflation est parti pour durer. Il va y avoir une sélection ""darwinienne" avec, d’un côté, les entreprises qui pourront investir, répercuter les hausses de prix, inventer des solutions, composer avec les nouvelles attentes des consommateurs ; et, de l’autre, celles qui seront les perdantes. Mais, quand on suit un peu l’économie, on a tendance à être optimiste car on voit les entrepreneurs se démener !"
Grand Châtellerault, et Châtellerault de surcroît, sont des territoires d’industrie. Finalement, est-ce un atout ou une fragilité ?
"C’est un atout, car l’avenir est au retour de l’industrie. Bien sûr, l’économie de services - le tourisme, l’assurance, la banque - est très importante. Mais l’industrie assure la formation, offre des évolutions de carrière et réalise des innovations technologiques en permanence."
Quels sont les enjeux pour l’industrie de demain ?
"On est en train, progressivement, de passer à un monde « décarboné ». Pour de nombreux secteurs, comme celui de l’automobile, c’est une révolution. La fin de la vente des voitures thermiques neuves en 2035 représente un changement historique. C’est le processus de "destruction créatrice" de Joseph Schumpeter qui est à l’œuvre. Je vous explique : quand la voiture à cheval a été remplacée par l’automobile, certains métiers, comme celui des ramasseurs de crottin sur les pavés, ont disparu. Mais finalement, cela a créé bien plus d’emplois que cela en a détruit".
Grand Châtellerault, 1er bassin d'emplois industriels
Dans le bassin d’emploi de Châtellerault, on dénombre 7914 salariés qui travaillent dans l’Industrie, sur un total de 19 655 salariés, tous secteurs confondus, soit un taux de plus de 40 %. En bref, Grand Châtellerault est le bassin d’emploi le plus industrialisé de Nouvelle-Aquitaine.